Incongruité des rencontres tardives ... [PV: Aaron Gravestone]

Neuf heures sonnèrent. Keibo ouvrit les yeux. Il avait la tête entre les bras, eux-mêmes posés sur son bureau. La fenêtre était grande ouverte, comme il l'avait laissée, et les derniers rayons du soleil filtraient sur le parquet. Un vent léger caressait ses cheveux, ses paupières, son visage entier. Un temps idéal pour une petite virée. Mélissa garderait l'Académie..

Il attrapa sa veste aussi violette que le tee-shirt qu'il portait, et sauta par la fenêtre. Une sortie étrange ? Pas pour lui. Il volait, se confondant avec les oiseaux, avec les nuages. Keibo passa par-dessus le portail et se dirigea vers Akichan. Il se posa après être sorti de l'Académie, mieux valait ne pas attirer les soupçons. A 21h00, les gens sortaient, s'amusaient. A l'entrée de la ville, l'agitation était à son comble. Une jeune femme chantait sur le trottoir, sa voix s'envolant, emplissant l'air d'une mélodie enchanteresse. Il s'approcha d'elle, lui sourit et déposa un billet dans le pot qu'elle avait à ses pieds.
Le jeune homme repartit, traversa plusieurs artères, plusieurs rues et ruelles, avant de tomber devant un bar. Il poussa la porte et découvrit une ambiance chaleureuse. La lumière était tamisée, projetant de grandes ombres sur les murs. Un tabouret libre accueillit bientôt Keibo, qui commanda une bière. Il jeta un oeil autour de lui, scrutant ceux qui l'entouraient. Ils riaient à pleins poumons, discutaient de choses et d'autres. Une piste de danse laissait aux couples d'amoureux et d'amis le soin de se défouler ou de dévoiler leurs dons. Une musique d'ambiance assez jazzy couvrait le silence. La bière arriva, Keibo posa ses lèvres sur le verre et but quelques gorgées. La boisson lui chatouilla agréablement la gorge. Un bar, lieu de toutes les rencontres...

La porte s'ouvrit brusquement, laissant le vent qui s'était rafraîchi faire son entrée dans la pièce.

Et justement, le vent était plus froid le soir. Pourquoi ? Car les derniers rayons d'espoir solaire disparaissent et laissent place à rafales gêlées de l'incertitude et du désespoir. On comprend pourquoi les gens se noient dans l'alcool. D'ailleurs, Aaron avait envie d'être tranquille. Il était suivi par une femme, 27 ans comme lui, les cheveux noir goudron, une paire de lunettes qui lui rendait le visage assez dur. Elle avait un bloc-note et un critérium dans les mains. Elle notait, corrigeait, effaçait, relisait ce qu'il y avait dessus. Son nom : Lule. Elle était la secrétaire d'Aaron et le suiviat partout. Ses yeux étaient de la même couleur que ce de Mathilda. Il l'avait possédé et pour cause : elle avait raté son examen d'entrée dans une université, en tant que prof. Desepérement, son chemin avait croisé celui d'Aaron. Ils étaient entré dans le bar et s'installèrent à coté d'un homme.

-Donc, tu dis que tu as enrolé une nouvelle ? Qui c'est ?

-Ben, une jeune femme du nom de Mathilda.

-Eh ben ! Moi qui croyait que j'allais être la seule, je suis un peu déçu !

-Allez, arrete, tu sais très bien qu'il faut qu'on soit quatre, on assure comme ça.

-Oui et ce que tu m'as dit pour l'Académie ?

-J'ai rencontré une petite peste ! Une dénommé Agatha. Elle peut parler aux animaux. Elle a voulu me mentir.

-La pauvre ! Elle ne se doutait pas qu'on ne peut pas falsifier sa vie sans que tu t'en mêle.

-Oui. Attend, je commande. Une Desperado "Red" et...

-Une coupe de champagne ! On va fêter notre nouvelle recrue !

-Ouais...

Aaron avala une gorgée de sa bière. Il tournait le dos à Keibo. Lule, elle, était assis en face d'Aaron, relisant ce qu'ils venaient de dire et fit quelques notes de plus. Elle s'occupait de tout ce qu'il concernait la Confrérie et Aaron. Elle lui servait de secrétaire, de factrice, de boite de reception et autres taches administratives dont Aaron avait horreur. Mais ce n'était pas pour autant qu'il le lui avait pas donné de quoi se défendre, comme un coupe-papier, bien aiguisé.

Une cacahuète vola. Dans un bar, les cacahuètes semblent d'usage, ce sont des amuses-gueules salés qui mettent en appétit, réunissant parfois deux inconnus autour d'un bol, les amenant à discuter, à engendrer une discussion, parfois une relation, et plus rarement une amitié.
Une cacahuète qui vole, c'est moins courant. Lorsqu'elle atterrit dans le verre d'un des clients, il se retourna brusquement. Son visage était rougi par l'alcool et la chaleur ambiante. Il montra les dents.

-Qui c'est qui m'a lancé la cacahuète !?

Keibo buvait sa bière, souriant. Une bataille risquait de se déclencher, c'était divertissant tant qu'il n'y avait pas de mort, ni de blessé. On est pour le Bien ou on l'est pas ! Il laissa là l'homme à l'apéritif lorsqu'il entendit le prénom d'Agatha. Il se retourna discrètement, pour voir deux personnes, un couple. Un homme au style vestimentaire extravagant, les cheveux relevés, et fier d'une bonne carrure. La jeune femme avait une peau de lune et des cheveux d'un noir de jais. Elle tenait un bloc-notes à la main tandis que l'homme parlait, d'une voix grave sans être rocailleuse. Ils parlaient d'une certaine Agatha. Il en existe beaucoup, me direz-vous, dans le monde. Mais une seule qui puisse dialoguer avec les animaux terrestres, du moins. Ainsi donc, elle avait rencontré cet homme, qui appartenait sûrement à la Confrérie pour parler ainsi de son amie. Keibo se replongea dans sa bière, son sourire avait disparu. Il écoutait avec attention, laissant le vent lui porter les paroles sans avoir à adopter une attitude trop étrange.

Aaron tourna légèrement la tête vers Keibo quand celui-ci s'exita pour une cacahuète. Il ne connaissait pas ce gars que déjà, il s'exitait pour rien. Il lui tourna le dos. Il n'était qu'à une place de difference. Aaron aurait très bien pu le toucher. D'ailleurs, il faillit quand il prit la coupelle de cacahuète à Keibo. Il la passa à Lule qui était en train de sirotait son champagne avec une paille. Elle passait heureuse. Le pouvoir d'Aaron permettait non seulement de controler l'esprit dans gens, mais aussi de laisser celui-là libre de certains jugements tant qu'il n'allait pas à l'encontre d'Aaron.

-Pfff ! Qu'est-ce qu'il a, à raler, l'autre poivrot ?

-Il a peut-être ses règles. Pfff ! Aahahah !

-T'es irrécupérable, toi.

-Ahahaha !

-Alala, bois et fais pas chier !

-Ah, mais en parlant de l'Académie, tu m'avais pas dis que tu avais défié cette Agatha ?

-Si, elle va bientôt crever ! Elle va se retrouver face à nous quatre ! J'espère que tu as toujours ton flingue.

-Je te rappelle que je voulais enseigner la criminologie dans une université ! J'ai quand même réussi à leur taxer un flingue. Il est dans ma chaussure.

-Il n'y aura même pas de combat, juste un coup de feu. De ta part. Il faudra que tu te caches.

-Trinquons encore à ce meurtre !

Lule leva son verre. Aaron le tendit seulement. Il regardait sa petite protégée. Elle avait vu son rêve partir en fumée et désirer se venger au plus profond d'elle. Au service d'Aaron, elle allait y arriver. Elle écrivait tout ce qu'elle savait, entendait, devinait, voyait... Et Aaron profitait des infos.

Agatha gisait sur l'allée de graviers blancs. Une plaie béante laissait s'échapper une coulée de liquide vermeil tandis qu'elle était secouée de spasmes, haletante. Stuck, son chien, son plus précieux ami, hurlait à la mort à ses côtés, lorsqu'une balle le toucha lui aussi. Il agonisait au côté de sa soeur, de sa compagne, poussant des jappements apeurés. Elle s'efforçait de le rassurer par un regard, mais elle-même avait peur. Peur de l'inconnu qui la guettait.

Keibo secoua la tête. Agatha ne subirait jamais ce sort. Il ne laisserait jamais cela se produire. Bien qu'il s'entende avec tout le corps enseignant de l'Académie, il était plus étroitement lié à Agatha, par une amitié forte. Il s'était attaché à cette jeune femme un peu perdue, peu habitué aux humains, accompagné de son fidèle ami, Stuck.
C'était désormais une évidence, ils appartenaient à la Confrérie. Cette jeune femme, cet homme, et deux autres personnes à en juger par l'adjectif 'quatre'.

Le directeur sortit son portable, composa un numéro qu'il connaissait maintenant par coeur et le colla à son oreille. Il tomba sur une boite vocale, sur celle d'Agatha. Pas de chance, il la préviendrait demain. Seulement, il ne savait pas quand aurait lieu cette rencontre. Cette nuit peut-être ? Il devait neutraliser ces gens.

-Excusez-moi, les cacahuètes s'il vous plaît.

Son regard accrocha celui de l'homme qui venait de se retourner pour lui passer le bocal. Il y avait bien une lueur maléfique dans ses yeux. Quelque chose qui ferait frémir des humains. Pas Keibo. Il fit un large sourire un peu hypocrite, avouons-le. Un peu de provocation ?

-Si vous pouviez aussi éviter d'assassiner l'une de mes employées, ce serait vraiment gentil de votre part.

Aaron cracha la gorgée qu'il avait dans la bouche. Lule, elle, mordit sa paille en faisant gicler un peu de champagne. La stupeur de se retrouver en face du directeur de l'Académie était telle que notre couple eut une sacrée décharge en le voyant. Aaron se leva en trombe et se mit à coté de Lule, qui avait déjà reprit son bloc-note et cherchant instament son coupe-papier.

-Bordel, my dear ! Aaron ! C'est Keibo Nakomuro ! Ou est mon appareil photo ?

-Tu crois vraiment que c'est le moment de faire sa fiche ?

-Keibo. Directeur de L'académie. Controle l'air. A eu, dans le passé, affaire à un certain Feliz.

-Ouais, j'ai lu le rapport. Et qu'est-ce que notre poivrot de directeur nous veut ?

-Il doit être au courant de notre "Affaire" !

-Tss ! Et tu crois qu'il va protéger Agatha ?

-En tout cas, moi, je te protégerai !

Lule se mit devant Aaron. Elle avait son bloc-note dans la main gauche et avait cassé son verre pour se faire une arme improvisée. N'ayant pas son appareil photo sur elle, elle avait fait un croquis de Keibo, assez bien réussi. Le travail dans l'urgence lui plaisait mais c'était vraiment des esquisses et quelques notes pour le completer plus tard.

-Aaron vous demande si vous avez l'intention d'aider Agatha. Dans ce cas, il devrait alors trouver une alternative. Moins classe mais alternatif quand même.

Mentir est un pêché. Aucune religion n'approuve le mensonge. Même les hâtés évitent de mentir, c'est considéré comme mal. Mais passer sous silence la vérité, est-ce mentir ? Ne pas répondre à une question, la dévier, ne pas raconter d'histoires sans pour autant être véridique sur ses dires... Est-ce un mensonge ?
Keibo Nakomuro n'aimait pas mentir. Il était un homme sincère, blessant par-là même parfois les gens qu'il côtoyait. Cependant, lorsque cela s'affirmait indispensable, il pouvait raconter des bobards, il était d'ailleurs bon comédien. Or, ce moment était l'un de ces instants où le mensonge était utile, voire vitale. Pour Agatha, surtout.

-Moi ? Non. Il faut qu'elle fasse ses preuves.

C'était une vérité enrubannée plus qu'un mensonge. Ceci étant, il ne laisserait pas une de ses amies aller à l'abattoir sans en être prévenu. La mort, il la connaissait, pour l'avoir vécue. Keibo était déjà mort, un jour. Il avait vu cette lumière dont tout le monde parle. Ce n'était pas aussi beau que ce que l'on dit. Il entendait les voix des Dieux défunts, qui le pressait de se joindre à eux. Leur guerre était finie depuis longtemps, depuis qu'il avait franchi le point de non-retour. Même une divinité ne peut rien contre les lois de la nature, de la vie et de la mort. Elles s'en voulaient de ce qu'elles avaient causées.
Keibo, lui, avançait dans ce couloir sombre, s'approchant de la lumière. Son "père", le Dieu de l'Air, voyageur de ces temps et maître du soleil, dirigeant des vents, le priait de repartir, sa mission sur Terre n'était pas finie. Il devait réunir les magiciens du monde, les préparer à rebâtir une civilisation meilleure, à combattre le Mal. Le futur directeur, lui, ne voulait que le repos éternel. Il avait assez subi de crasses tout au long de sa vie pour en baver d'avantage. Un vent violent se leva, le repoussant dans le noir absolu, dans les ténèbres. Une voix s'éleva dans cette obscurité.

-Sois fort, Keibo, digne héritier des pouvoirs aériens.

Il ouvrit les yeux. Face à lui, Aaron, et son amie, où son esclave devrait-il dire plutôt. Elle avait des yeux vides de toute expression, des gestes libres, où l'on voyait une certaine mécanisation néanmoins. Le don de cet homme n'était pas physique, Keibo en était sûr.

-Je voudrais tout de même mes cacahuètes.

Lule alternait les regards entre Aaron et Keibo. La crainte pour Keibo et la détresse pour Aaron. Il avait encore du mal à imaginer qu'il se tenait en face de lui, du directeur en personne. Il regarda Lule. Il n'avait pas d'arme et ne pouvait pas controler quelqu'un autre. Personne ne lui sembler digne de confiance dans ce bar. Il y aurait eu Radek, ça changeait la donne. Mais là...

-My dear ! Qu'est-ce qu'on fait ? Si il faut que je meurre au combat, je le ferai pour toi ! Tu as changé ma vie et sorti de la depression où je m'était enfoui, je te dois bien ça !

-Non t'inquiète ! J'ai plusieurs idées en tête !

Aaron retrouva son calme, allure désinvolte. Il mit les mains dans les poches. Keibo voulait dans cacahuètes. Il prit la coupelle et lui jeta à ses pieds. Donnant donnant. Il avait engagé son père comme prof, Aaron lui montrait où était maintenant son paternel : six pieds sous terre. Il le regardait fixement. Tentative de controle mentale. Il se doutait bien que cela allait être extremement ardu mais il voulait tenté. Peut-être pouvait-il débloquer un morceau, se frayer un passage dans les méandres de l'espirt complexe du directeur. Mais Aaron voulait juste faire l'état des lieux. Il pourrait réessayer à une autre occasion, il saurait déjà ce qui l'attend. Il essaya.

-Tu penses vraiment qu'il faut qu'elle fasse ses preuves ? C'est vraiment ce que tu penses d'elle ? Tu la laisserai face à moi ?

Il savait que la réponce serai forcement non. Mais voila, le piège était qu'il mente. Un petit oui serait la clef d'ouverture des grandes portes de l'esprit de Keibo. Mais Aaron ne croyait pas vraiment à ce qu'il tombe dans ce piège. Il y pensait mais n'y croyait quasiment pas.

Keibo sourit. Le stress des deux jeunes gens face à lui était palpable. Surtout de la jeune femme, celle aux cheveux noirs et à la peau de lune. Elle avait des yeux vitreux, sa voix montait dans les aigus au fur et à mesure qu'elle parlait. Aaron, puisque c'était là le nom de cet homme à la coiffure étrange, se concentrait. Il pensait que ce n'était pas visible. Hélas pour lui, Keibo avait plus d'expérience dans ce domaine. Son bol de cacahuètes vint s'échouer sur le sol. Volontairement, cela allait de soi. Ce n'était pas gentil du tout.
Un intrus se tenait sur le seuil de son esprit, prêt à enter par effraction à tout moment. Doué de ses années de pratique dans les rues, Keibo renforça ses barrières mentales.

-Non. Pourquoi, tu y as cru ? Tu pensais que je laisserais une amie se faire descendre ? Oh pardon, je te parle d'amitié, c'est un terme que tu ne dois pas connaître. L'amitié est une relation fusionnelle, forte en émotions qui relient deux êtres, c'est de l'amour sans sexe. Mais voyons, l'amour aussi doit t'être étranger. Sinon, tu ne tuerais pas. Sinon, tu ne prendrais pas possession des gens comme de...

Le regard de Keibo se tourna vers la jeune sbire, la femme en détresse dont le carnet était toujours collé à ses bras. Un dessin avantageux du directeur y était représenté.

-Je n'ai pas saisi votre prénom, demoiselle, mais je suppose qu'il n'est pas important.

Il tendit la main vers le sol, quelques cacahuètes se soulevèrent pour se nicher au creux de sa main. Il les avala, toujours souriant. Il attrapa sa bière pour noyer l'amertume du sel qui lui grattait le gosier, et reposa son regard sur les deux êtres face à lui. L'une de ces créatures avait choisi le mauvais côté, et semblait lui en vouloir pour un acte qu'il aurait commis. L'autre ne faisait que subir, sans liberté, sans conscience, contrôlée mentalement comme un pantin par un marionnettiste.

Aaron passa du stress au furax. Quand il était dans un état comme celui-ci, il y avait une veine sur son front qui apparaissait. Il lui avait sorti une succession de piques, de vannes bien placés, de quoi le mettre au pied du mur. Mais Aaron essayait de se relever. Que répondre à ça ? Il y avait le fait qu'il controlait Lule. Il l'avait mentionné. Cela l'avait fortement affecté. Lule, quand à elle, avait tout suivi. Partageant les pensées d'Aaron, elle avait tout compris. Elle lacha son verre et son bloc-note et se prit la tête. Aaron avait du mal à suivre. Lule tentait apparement de sortir de son emprise et Keibo repousser ses tentatives d'entrées mentales. Il ne pouvait que controler une seule source. Il choisit celle qui lui paraissait le plus judicieux. Une fois fait, la scène changea. Quelqu'un se retrouva par terre. Une autre fut quasiment pétrifié sur place par l'acte qu'il venait de se passer. Keibo allait surement pas en croire ses yeux. Tout allait rapidement changé.

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1 minute 45 seconde avant

Aaron tentait d'entrer dans la tête de Keibo. Alors que cet acte lui consommait beaucoup de concentration et d'energie, Lule se mit elle aussi à resister à l'emprise d'Aaron. Le choix se présentant à lui, il relacha Lule et se concentra un peu plus fort sur Keibo. Il y eut un cri. Lule venait de poussait un hurlement. Des milliers informations se classaient dans sa tête. Tout ce qu'elle avait fait avec Aaron arriva dans son esprit mais aussi, tout ce qu'Aaron avait fait. Elle le regarda. Puis regarda Keibo. Elle le fixa. Ses lèvres s'entr'ouvrirent. Elle murmurait.

-Merci...

Alors qu'elle fixait Keibo lors de ce moment, elle se tourna vers Aaron. Ce remerciement lui était adressé. Elle le remerciait de l'avoir relacher. Elle se retourna vers Keibo.

-Vous aurez beau dire, si ça, c'est pas une preuve d'amitié ! Moi, je l'aime, mais si c'est pas réciproque ! Alors, vos réflexions à deux balles ! D'ailleurs, fermez la bouche quand vous machez, c'est horrible !

Elle reprit son bloc-note. Ses yeux avaient retrouvés une certaine couleur. Elle avait les yeux vert. D'un beau vert de champ. Sa vie avait été détruite par une certaine Rebecca, lui ayant piqué son poste et en lui faisait raté son rattrapage. Completement effrondré, Aaron l'avait recueillit, sentant la vengeance et le potentiel emanant de Lule. Mais pour l'heure, Aaron forçait les portes de la mémoire de Keibo. Et c'est alors que, notre ex-controlée, controla la situation et le timming. Elle sauta sur Keibo, le faisant chanceler de son siège. Elle esperait qu'il serait moins concentré. Aaron en profita pour faire une percée mentale. Mais la surprise le prétrifiait. Il se demandait si il allait réussi sa tentative, même si ça devait juste être une récupération de souvenirs, enfin, d'une bribe de souvenir.

-Quelle répartie, répliqua Keibo à la jeune femme dont il ne connaissait toujours pas le prénom. J'en tremble de peur.

Elle se jeta sur lui, espérant le déstabiliser. Il chuta, les conversations s'arrêtèrent. Les yeux des clients étaient fixés sur eux, sur ce trio improbable dont les agissements bruyants perturbaient l'ambiance.

-Mince, Fanny, fais un peu attention ! Tu tiens vraiment pas l'alcool toi !

Keibo se releva, ayant prononcé ces mots assez forts pour qu'ils soient entendus de tous. Il attrapa celle qui l'avait "agressé" par le bras et la tira de force hors de l'établissement, suivis par Aaron. La jeune femme semblait un peu perdue, du moins trop pour hurler. Ils débouchèrent dans une rue où le vent glacial mordit la peau du directeur, pourtant habitué à un climat changeant. Il colla la femme contre le mur.

-Vous êtes amie avec un homme qui vous a manipulé, dirigé et fait commettre des actes affreux et répréhensibles par la loi. Soit, c'est votre choix, stupide, mais le vôtre. Cependant, si vous vous en prenez à Agatha, ou à n'importe laquelle des autres personnes de mon Académie, je vous tuerais, sans état d'âme. Que je sois pour le Bien n'influe en rien le fait que vous êtes une mauvaise personne. Avant, vous l'étiez inconsciemment. Désormais, c'est volontaire, c'est encore pire.

[Désolé, pas d'inspi ><]

Aaron attrapa Keibo par la taille, au niveau du bassin et le fit tombé, dans le but de libérer Lule. Celle-ci regarda Aaron et reprit ses yeux pâle. Elle était de nouveau sous ses ordres. Aaron fixa Keibo dans les yeux. Il avait arreté d'essayer de rentrer dans son esprit et le mit en garde. Il avait du cran pour s'en prendre à un directeur, qui plus est, celui du camp adverse.

-Alors écoute moi bien ! Vois-tu, je pourrais te tuer sur le coup mais je sais très bien et pertinament que c'est impossible, tu es encore trop puissant pour moi. Mais il faut que tu comprenne quelque chose. Toi qui crois que cette personne...

Il pointa Lule du doigt. A ce geste, elle fit un petit gémissement de surprise.

-...Est une mauvaise personne, tu te fourres le doigt dans ton unique oeil et jusqu'au coude, le cyclope ! Tout mes collaborateurs sont des gens respectables dont la vie s'est brisé par d'autres personnes qu'on a catalogué de "bien". Et c'est à cause de ces êtres qu'ils ont accepté de m'accompagner.

Il relacha Keibo et se décala. Il avait eu une montée d'adrénaline. Tenir le directeur dans ses mains avait été une sacrée experience. Aaron calma sa respiration et essaya de rester zen. Il mit ses mains dans ses poches.

-Pour Agatha, que tu interviennes ou pas, ça changera rien au résultat. Je compte bien m'en débarasser. Que ce soit ta protégée ou pas...

Aaron lui tourna le dos et allait partir avec Lule.

Keibo se releva. Cet homme n'avait rien compris. Il ne savait pas ce que pensait le directeur, l'homme face à lui. Il n'y a plus de notion de Bien ou de Mal dans le monde si on s'arrête aux erreurs et aux actes de chacun. La faute est aussi humaine que nous le sommes, aussi pardonnable et condamnable. Le fait d'avoir blessé inconsciemment ou d'avoir fait des erreurs n'est pas mal en soi. Par contre, se servir de ce que l'on est pour tuer, propager la terreur et le chaos, ça, c'est le Mal.
Aaron partit avec Lule. Keibo tendit la main, la rue était déserte. Les deux compagnons s'élevèrent dans les airs. Il les projeta contre le mur d'une bâtisse en pierre grise.

-Tu ne comprends rien au dilemme qui t'entoure. Ton seul but, ta seule envie, c'est de continuer cette guerre qui nous bouffe tous, qui nous dévore sans le savoir. Tu crois peut-être qu'en utilisant les gens tu seras plus fort ? Que torturer les esprits étrangers fera disparaître ce passé de torture qui t'entoure ? La violence ne se résout pas part la violence ! L'erreur est aussi humaine que le pardon, que la haine et la jalousie ! Si le Bien et le Mal étaient des versions utopiques d'eux-mêmes, ce serait le pays des Bisounours, MERDE ! Tu ne sauras jamais ce qu'est la vie, ce qu'est l'humain et ce qu'est la guerre autant que la paix si tu continues à croire qu'être le maître des pensées te protège des maux du monde. Crois, espère et pars si tu le désires. Mais dans ce cas comme dans les autres, je te tuerais, de mes propres mains, je verrais la vie s'écouler de toi comme l'eau d'un verre accidenté, je t'ôterais ton coeur et ton âme, pour peu que tu en aies, et tu perdras tout. Jamais, tu m'entends, jamais tu ne réussiras à tuer Agatha, peu importe les moyens dont tu uses, peu importe les ruses sournoises que tu utiliseras. Je serais toujours à veiller sur toi, sur vous tous, et je vous abattrais en public s'il le faut, je vous détruirais.

Keibo prit une impulsion sur ses jambes, flotta quelques secondes avant de rejoindre les nuages et les étoiles, la lune dont émanait une lueur blanchâtre et le ciel, sombre comme les yeux du jeune homme.

Keibo avait propulsé Aaron contre un mur. La puissance qu'il avait utilisé avait fissuré les briques, là où s'était écrasé le membre de la Confrérie. Lule avait eu plus de chance. Elle s'était écrasé à coté de lui, mais avait été un peu amorti par une couette, suspendu à une fenêtre. Durant tout le monologue, Aaron, les yeux fermés, avait écouté Keibo. Il avait bu ses paroles. Comme si, en plus de maitriser l'air, il pouvait atteindre le cerveau des gens. Aaron en doutait. Il ne connaissait personne à par lui, capable d'un tel exploit. Il se releva tant bien que mal. Lule était moins amoché mais ses lunettes étaient parties en morceaux.

-Aaron, tu vas b...

-Laisse moi.

-Mais...Aaaaaah !

La jeune femme se tordit par terre. Aaron, levé, baissa la tête droit devant lui. Il ne daigna pas regarder Lule. D'ailleurs, il l'abandonna. Il la libera de son emprise partielle et lui laissa qu'un souvenir. Le jour de leur recontre. La petite bousculade dans le métro. Aaron ne lui laissa que cela. Il effaca de son cerveau tout ce qu'elle avait fait avec lui. Il partit. Blessé dans son amour propre, il ne voulait pas agir comme ça. Il la laisserai, et attendrait qu'ils se rencontrent à nouveau. Ils étaient venu fêter l'enrolement d'une nouvelle recrue, cette soirée était plus une fête pour la perte d'un membre de son équipe. Il tourna au bout de la rue. Keibo avait sans doute raison. Il faisait mal son boulot. Désormais, il n'utilisera plus son pouvoir pour controler et s'associer avec des gens. Il fera en sorte qu'ils se tuent eux-même, sous ses ordres.

Quand Lule reprit conscience, elle était assis au mileu d'une ruelle. La nuité s'était encore plus adoucie. Le vent était frais, limite froid. A ses pieds, il y avait un bloc-note. Il était remplis de commentaires, observations, fiches descriptives, rendez-vous... Elle ne les lit pas mais elle prit le bloc. Ses lunettes étant cassés, elle n'eut donc pas la chance de lire. Elle se releva. Plein de question lui arrivait. Comment était-elle arrivée là ? Que faisiat-elle avec un bloc-note ? Toutes ses questions restaient sans réponces. Mais quelqu'un força le destin à lui faire souvenir. Son téléphone portable. Dessus, sur l'écran, le nom "Radek" était marqué. Le téléphone sonnait. Ne sachant pas qui était au bout du fil, elle décrocha.

-Allo ?

[Sujet clos]

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